LES ENCEINTES

La présente section s'attache à la description des différentes enceintes qui ont entouré la ville de Grenoble à partir du III° siècle après Jésus-Christ et jusqu'au début du XX° siècle où la dernière enceinte disparait.

Mais ces différentes enceintes ne disparaissent pas totalement car il en subsiste des traces, des vestiges, des indices que nous traquerons ici.

Ces enceintes étaient percées de nombreuses portes dont nous tenterons de décrire l'histoire et les particularités.

L'OPiDUM, une palissade en bois

La première enceinte de Grenoble n’est pas celle que nous croyons connaitre tous et qui entourait Cularo au III° siècle après Jésus-Christ. En effet, dès II° siècle avant Jésus-Christ et probablement jusqu’au II° siècle après, devait exister une enceinte faite en bois et déjà sur la rive gauche.

Domitius Aenobarbus ayant soumis les Allobroges au II° siècle avant Jésus-Christ, ces derniers se réfugièrent dans les montagnes et ont alors tenté de déstabiliser l’occupant par de multiples escarmouches. C’est donc à cette époque que les romains durent fabriquer une palissage en bois autour des principaux éléments de défense.

« Cette première enceinte ne comprenait que le camp romain sur la rive gauche de l’Isère, la partie la plus endommagée de Cularo. Elle avait une forme presque ovale. Au centre se trouvait le Prétorium (2), gros bâtiment de garde, flanqué d’une haute tour pour le guetteur de jour et de nuit. Au devant du Prétorium une place d’arme (actuelle place aux herbes), au nord campait l’infanterie entre la place d’arme, le ruisseau le Verderet et l’Isère, au midi les Tribuns et la cavalerie, au levant les jardins et quelques cabanes restées debout, au couchant, autres jardins réservés aux chefs » (3).

Cette place forte était percée de trois portes :

  • la porte Principalis dextra (presqu’à l’extrémité de la rue Brocherie)
  • la porte Prétorienne s’ouvrant au sud-Ouest
  • la porte Decumane au nord, vers le pont

Il semblerait que ces premières fortifications initiées par Domitius furent achevées par Fabius Maximus dit « l’allobrogique » en 110 avant Jésus-Christ.

Dans l’ouvrage de Vernet (4), il est fait mention de la création de deux temples romains, hors les murs de cette première enceinte, dédiés à Mars et Saturne pour l’un et à Diane pour l’autre. Il est raconté que l’une des colonnes du premier fut retrouvée lors de la démolition de la Porte Viennoise en 1810 et utilisée pour orner l’entrée de la maison située au n°6 de la Place Notre-Dame.

Lorsque creusa pour installer le l’égout au centre de la Grand Rue en 1886, Henri ROUSSET rapporte que près du n°10, il fut mis à jour un escalier (au milieu de la Grand’ Rue) reliant une piscine, et des constructions souterraines qui devaient se trouver alors hors les murs et qui pourraient avoir été un établissement thermal (5).

Cette enceinte initiale devait subsister jusqu’à ce que Maximin fasse construire une enceinte digne de ce nom et en pierre, qui fut achevée avant la fin du III° siècle après Jésus-Christ.

(1) Histoire du Dauphiné, Laurent
(2) c’est là que s’installait également le proconsul qui tentait d’administrer pacifiquement les vaincus toujours prompts à se rebeller.
(3) Histoire populaire de Grenoble, Vernet
(4) opus cité, p91 et 92
(5) Grenoble, des rues et des hommes, section « Grand’ Rue »

Ci-dessous se trouvent les différentes enceintes successives de Grenoble. Pour chacune d'entre-elle vous trouverez une page spécifique sur laquelle sera présent l'histoire de l'enceinte, un accès vers la description des différentes portes ainsi qu'une galerie de photos de l'enceinte pouvant également donner accès à des sous-parties plus spécifiques..

L'enceinte romaine

Tracé bleu

Si la date et les caractéristiques exactes et précises de la première enceinte de Cularo restent un sujet de discussions, certains invariants se dégagent. D’après les dernières études et découvertes, il apparait aujourd’hui acquis que la première implantation humaine est très certainement située sur la rive droite de l’Isère. La construction de la première fortification en dur et durable a elle été réalisée par les romains au III° siècle de notre ère.

L'enceinte médiévale

Tracé violet

Après être élue au rang de cité romaine grâce au passage de l’empereur Gratien qui laissera la trace de son nom à la ville en se transformant de Gratianopolis en Grenoble, Cularo s’agrandit, entre le III° et le tout début du XIV° siècle en et se dotant de plusieurs extensions successives à sa première enceinte.

L'enceinte Lesdiguières

Tracé vert

La troisième extension de l’enceinte de Grenoble est réalisée sous la direction du Duc de Lesdiguières qui entreprends dès la fin du XVI° siècle un vaste chantier d’extensions des murs de la ville dont les failles ont été mises à jour lors des batailles entre catholiques et protestants auxquelles il participe. Certaines portes sont alors déplacées.

L'enceinte de Créqui

Tracé rouge

François de Bonne de Créqui, marié à l’une des filles de Lesdiguières entreprend à son tour au XVII° siècle l’extension de la ville en y intégrant l’ensemble des quartiers situés à l’Ouest. L’une des nouvelles portes, près de l’Isère, portera son nom.

L'enceinte Haxo

Tracé jaune

Entre 1830 et 1845, une nouvelle extension est réalisée sous la direction du Général Haxo, qui intègre les faubourgs Sud ainsi que de vastes étendues libres de constructions. Cette importante extension permet de doubler la surface de la ville intramuros.

L'enceinte XIX°

Tracé orange

Cette dernière extension de la ville, débutée à la fin du XIX° siècle, s’inscrit dans la suite de l’enceinte Haxo, mais dirigée vers les quartiers Ouest. Sa partie Sud longe les actuels grands boulevards et s’étire jusqu’au Drac. Elle intègre la nouvelle gare (1858) et le quartier de la Frise. Les évolutions des techniques de guerre du XX° siècle naissant conduiront certainement à ce que cette ultime enceinte ne soit jamais complètement terminée.