PORTE DE CREQUI

La porte de Créqui, élément clef de l'enceinte fortifiée de Grenoble au XVII° siècle

Vue générale de l'enceinte romaine (bleu), médiévale (violet), Lesdiguières (vert), Créqui (rouge)
Localisation de la porte
Carte interactive

La construction de l’extension des fortifications dans les faubourgs situés à l’Ouest de Grenoble est entreprise en 1639, mais ce grand projet se trouve stoppé une année plus tard, faute d’argent (2).  Dans l’ouvrage universitaire très documenté de MERCIER, il est fait mention d’un début des travaux en 1640 et d’une interruption en 1642 (3). Le projet de l’extension de l’enceinte de Grenoble et de sa modernisation ne reprend qu’en 1670 et s’achève 5 ans plus tard (2). 

Située au niveau de l’actuelle boulevard Edouard REY et du quai Créqui, c’est dans cette future enceinte que la porte de La Graille est créée en 1673 (4). Elle tient son nom d’une personne qui y avait une maison (6).

En effet, lors de l’extension des différentes enceintes, de nombreuses maisons « parasites » qui se sont construites de manière spontanée et sans anticipation ni autorisation ont dues être détruites. Les familles expropriées semblent généralement rémunérées. 

La construction de la Porte de La Graille, qui prendra le nom de la Porte de Créqui (1), est en fait le transport de la Porte de Montorge, elle même percée dans le Bastion de France de l’enceinte Lesdiguières. La commande de son déplacement, issue du rapport de 1640, fut confirmée en 1671 (5).

La plus terrible des inondations du Drac, qui se produit en 1674, vint affouiller les fondations du bastion de la porte qui s’écroula (7).

Lors d’une visite des rampants par les Consuls en 1696, il est fait mention qu’un certain Jean Terrier aurait fait construire une maison accolée à la porte sur le rempart (8)

A noter que cette porte prend le nom de Porte de La République en l’an VIII (9)

Le nom de Porte de la Graille semble subsister jusqu’en 1875 où l’on peut encore trouver cette appellation sur certaines cartes. Elle est rebaptisée définitivement Porte de Créqui au début du XIX° siècle où elle apparait sous ce nom sur la plupart des plans et cartes dès 1815.

Sans doute considérée comme inappropriée à la défense, le bâtiment de la porte de Créqui est restauré en 1840, puis c’est la porte de Créqui elle-même qui est reconstruite et dont les travaux se sontt achevés en 1836. Le passage sous voute de l’ancienne porte qui était de 3,5m, est porté à 5m, cette nouvelle porte est conçue avec deux passages, une terrasse en bitume et 4 guérites en tuf (10). 

De fait, à partir de 1860, il se trouve une iconographie et des photos présentant cette porte dans un style qui se rapproche de ses contemporaines, les portes Randon ou de l’Ile Verte. Certaines photos, notamment d’Henri FERRAND (1853-1926) sont éloquentes.

La porte de Créqui est définitivement démolie lors du démantèlement de l’enceinte du même nom dans les années 1891 (11)

(1) François de Bonne de Créqui, comte de Canaples puis de Sault, est le fils de Charles, Ier marquis de Créqui, deuxième duc de Lesdiguières, pair de France et maréchal de France, chevalier des ordres du Roi, lieutenant-général de ses armées, gouverneur du Dauphiné. Il succède donc naturellement à son père (qui était lui-même le mari de Madeleine de Bonne, la fille du célèbre Lesdiguières), comme comme lieutenant-général puis gouverneur du Dauphiné. Occupant ce poste pendant trente-quatre ans, il marqua profondément Grenoble de son empreinte. Il meurt le 1° janvier 1677
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/François_de_Bonne_de_Créqui
(3) Histoire des fortifications de Grenoble, MERCIER, 1976, p79
(4) Le vieux Grenoble, ses pierres, son âme, ROISSARD, 1968
(5) Histoire des fortifications de Grenoble, MERCIER, 1976, p87
(6) Opus cite, p88
(7) Opus cite, p109
(8) Opus cite, p137
(9) population et Octroi, p39
(10)Histoire des fortifications de Grenoble, MERCIER, 1976, p245
(11) Bibliothèque Municipale de Grenoble -SDAP, Duchemin, N13x18